Parcours
Née à Poitiers le 17 septembre 1954, Claire Merigeau commence à peindre en 1987. Elle étudie à l'atelier de l'Académie de Port-Royal de 1991 à 1994, où elle obtient le grand prix en 1994 . De 1996 à 1998 elle est l'élève de Martin Bissière aux Beaux-Arts de la ville de Paris. Claire Merigeau expose régulièrement à Paris et à l'Etranger.
Expositions
Centre de santé de gentilly
Printemps de Bourges
Bulgarie - International Painting Plenary
Galerie Le Halle - Paris
Université de la Sorbonne - Paris
Galerie de la Fondation Taylor - Paris
Chateau de la Ribaudière - Poitiers
Biennale d'Art Contemporain de Senlis
Galerie Schlumberger - Montrouge
Restaurant Zagros - Paris
Châlons-en-Champagne St-Memmie
Centre Culturel de l'Isle Jourdain (86)
Clamart (Le Vieux Théatre)
Charabia...

  Claire Merigeau travaille de manière suggestive sur la perception ou plutot la vision du monde,
ses structures, ses couleurs, ses formes, ses illusions, sa poétique...
Avec obsession, elle tente de créer une peinture qui soit aussi simple que complexe.

  Elle cherche à atteindre, par un art expressif et mystérieux, un sentiment de la nostalgie
de la fuite du temps, de l’altération d’un monde qui disparait, l’artiste cherche les trous
et les ombres, les déchirures, mais également les effets de la lumière,  des couleurs
crues, transparentes et/ou opaques .
  Sa série « Analectes » est une suite de petits formats carré de 20X20 prévue pour un
assemblage d’un seul tenant formant une fresque mouvante et extensible, manifeste de la
contradiction du sentiment d’infini de l’espace avec la sensation de l’enfermement du format
exigu. Un travail d’une lente et patiente élaboration...

  La recherche de son travail sur papier est plus une peinture du mouvement, de la fluidité,
de la spontanéité , de la violence de l’imagination se répandant comme des bouffées:
les points, les traits, les taches de couleur, en fermentation , s’agitent et veulent sortir...

René Souchaud B.  A propos de Claire Merigeau
bio3.jpg (4335 octets) ...Je me sens une profonde fraternité avec Claire Mérigeau.
D'abord, tout comme moi elle a peint longtemps en catimini, presque honteusement, comme si peindre était une activité superflue, une oisiveté, une chose peu sérieuse devant le sérieux de vrais métiers comme ceux des patentés, des cadrés, des salariés, des affiliés, des sécurisés, des assédiqués.
  Et Claire, certainement, taisait son métier principal, peintre, lorsqu'il lui était demandé ce qu'elle faisait, car il est des situations où votre vis à vis, quel qu'il soit, ne peut que vous retourner au centuple, en plein figure, votre doute essentiel. Car peindre comme peint Claire, c'est avant tout douter de sa peinture, de soi même.
   Et ce sera le second point commun, corollaire du premier, nos racines vont puiser dans l'eau mère de nos devanciers, ceux qui ont pataugé longtemps dans l'incertitude, qui ont érigé en règle fondamentale l'urgence à retrouver le geste primaire, primitif, qui ont niché le beau dans l'inconfortable, le bancal, la cassure, la rupture avec tout ce qui fait manière, qui rassure, qui flatte l'oeil, ceux qui regardent et goûtent plus le contenu que les fioritures de la coupe; ceux qui savent que rien n'est plus caché et plus résistible que la vérité, la poésie. Ils s'appellent:
Jorn, Corneille, Bram Van Veld, Atlan, Doucet, Lucebert, Mannessier, Bissière.
Rien que des explorateurs des grands dedans, des flux vitaux, des sucs inconsensuels, des humeurs scélérates, tous des promeneurs crépusculaires, mangeurs de couleurs et buveurs d'ombre.
Et carrément perdus pour l'or et son nombre.
      Promenades carrées, sur le fil du rasoir.

      J'ai écrit il y a longtemps, vingt ans peut-être, un texte sur un peintre, qui peut être me ressemblait. Je n'ai eu qu'à changer il par elle, pour que ce peintre devienne Claire. Voici un peu de ce texte, au féminin.

"... Alors elle passa son pinceau de la main droite à la main gauche. Elle fut comme atteinte de fièvre car
les couleurs jaillissaient tant d'elle comme du lait qu'elle  avait à peine le temps de les étaler.
      Au premier coup de brosse à gauche elle avait appris que le vert est
trompeur, jamais là où on l'étale,
       que le bleu fait le vertige, ressemble à ces grandes dégringolades nocturnes
dans nos abimes aqueux,
       que le jaune est le plus rapide à se fixer, à sécher, à se tarir,
       que le rouge caille si fort marron qu'il faut le mélanger avec la semence
essentielle pour qu'ilgarde sa force vitale,
        que l'or coùte cher et fait du chichi,
        que l'indigo gueule plus fort qu'un cochon trucidé,
        que le violet souligne la possible fin du grand dessein.
Il y a les bistres encore plus entêtés que la poussière sous la paupière,
et le noir qui s'éternise à montrer son vrai visage,
et le blanc, le petit blanc, jamais content.
Et elle peignait, tout alentour d'elle, les miroirs et les huisseries, les citrouilles et les nids, la boue du sentier, en rose, la plume de l'oiseau, la croix des chemins, le verre de rouge, en gris, la semelle de ses godasses, la grimace du crapaud, l'ongle de son doigt, le nez du général, l'entonnoir du ministre, le camion du laitier, les oeufs de poules, tous les E de la Sainte Bible de Jérusalem aux éditions du cerf musqué, les os de poulets, les dents du sacristain, sur les chapeaux, sur la guirlande des chapeaux, sur la flamme des bougies,sur les cils des défunts, sur les plafonds du bas, du haut, sur les petites bêtes transparentes, sur les moissirures, sur le dard des moustiques, sur les souvenirs, sur le Requiem de Mozart, sur la Passacaille du Cantor, sur l'épée du jaloux, sur le mot "liberté"... et la nuit, elle peignait l'intérieur des cercueils."